Ligne de Boussens à Saint-Girons
Article de la Vie du Rail en 1980 par B. Collardey
• Ligne de
Boussens à
Foix.
Cette artère à voie unique de 78 km, se développant sur le territoire des
départements de la Haute-Garonne et de l'Ariège, a été concédée à la
Compagnie du Midi.
Elle a été mise en service en deux étapes, très espacées l'une de l'autre ; le
15 février 1863
de Boussens à
Saint-Girons,
le 15 août 1902
de Saint-Girons
à Foix.
Elle avait pour but essentiel de joindre la vallée de la Garonne à celle de
l'Ariège.
Se débranchant de la transversale pyrénéenne
Toulouse - Bayonne, à la sortie
ouest de Boussens
(bifurcation du Fourc), elle suit la vallée du
Salat, en restant sur sa rive
gauche jusqu'à Saint-Girons,
en desservant notamment Salies.
A la sortie de Saint-Girons,
ville la plus importante du parcours, elle traversait le Salat puis remontait le
cours d'un de ses affluents, le Baup, dans la vaste dépression formée par les
chainons pré-pyrenéens du Plantaurel et de L'Arize.
Après Castelnau-Durban,
elle empruntait successivement les vallées de l'Artillac,
de L'Arize, de l'Aujoie,
avant de descendre dans celle de l'Ariège et de se souder, à
Foix, à la rocade
Toulouse-Puigcerda.
Profil et tracé de la ligne
Convenablement implantée pour le
premier tronçon, elle avait un tracé et un profil , beaucoup plus tourmentés
côté Est.
Deux seuils, situés aux Cotes d'altitude de 484 et 493 m, à
Rimont et
Baulou, devaient être escaladés
à l'aide de rampes de 16%o.
Si aucun ouvrage notable n'a été construit sur
Boussens - Saint-Girons (32 km),
le caractère plus accentué de la topographie rencontrée sur le trajet
Saint-Girons - Foix
(46 km) a motivé l'édification de trois tunnels dont celui de
Rimont, long de 829 m et d'un grand
viaduc en maçonnerie à
Vernajoul, peu avant
Foix,
constitué de treize arches de 14 m d'ouverture.
Photo: vie du rail -
Gare de Labastide de Sérou sur la section aujourd'hui déposée
D'ordre strictement régionale,
cette artère devait être l'amorce de l'une des onze percées
ferroviaires transpyrénéennes étudiées autour de
1900.
Retenu un moment au titre du Transpyrénéen central,
ce projet prenant naissance à
Saint-Girons et s'acheminant par
Oust, passait la frontière
franco-espagnole au port de
Salau, pour aboutir à
Sort, dans la province de
Lerida.
Il a été définitivement abandonné en
1904, au profit des lignes
encadrantes Pau - Canfranc
(occidental) et Toulouse -
Puigcerda (oriental)
Au titre du programme général d'équipement de son réseau, la
Compagnie du Midi a envisagé
l'électrification en courant continu de
Boussens - Saint-Girons comme
une antenne de Toulouse -
Montréjeau.
Au début des années 1930,
elle était desservie par cinq aller et retour omnibus
Boussens - Saint-Girons, dont un
comportait des voitures directes de
Toulouse, deux d'entre eux
continuant et venant de Foix.
Une troisième relation
Saint-Girons - Foix existait également à cette époque.
La fusion PO - Midi
en 1934 entraîna l'abandon, du projet d'électrification.
A la nationalisation, en
1938, cette ligne,
équipée de façon rudimentaire, sans
signalisation, fut intégrée à l'arrondissement de
Toulouse, de la région Sud-Ouest.
Sa desserte ne varia pas à cette époque, restant assurée par des convois vapeur
de bout en bout.
Au lendemain de la guerre, période pendant laquelle
les prestations voyageurs furent réduites à leur plus simple
expression, il circulait normalement des 230B
de Foix
et Toulouse
pour les trains de voyageurs et des 140 B/C et
D de Toulouse
en tête des trains de marchandises.
Vers 1948-1949,
apparurent les autorails FNC qui prirent en charge
les liaisons voyageurs.
Photo: vie du rail -
Au temps ou les autorails FNC desservaient encore la section Boussens -
Saint-Girons. On voit ici un des ces engins au départ de Boussens.
Insuffisamment puissants et
cahotants, ils n'apportèrent aucune amélioration du temps de trajet.
Il fallait toujours une heure pour couvrir les 32 km de
Boussens à Saint-Girons avec dix
arrêts, aux quatre ou cinq aller et retour quotidiens, l'un d'eux
étant prolongé à Foix.
En outre, il était prévu un marchandises-voyageurs,
nécessairement très, lent, dans chaque
sens de Saint-Girons
à Foix, en
semaine.
La faiblesse du trafic conduisit à la fermeture de la section
Saint-Girons - Foix au trafic voyageurs, le 23 mars
1955;
Une navette marchandises fut maintenue une année durant,
puis supprimée, faute de tonnage suffisant.
Cette section a fait l'objet d'un décret de déclassement, le 12 avril
1957, et la
dépose de la superstructure a été effectuée peu après.
A ce moment, l'unique circulation marchandises
Boussens - Saint-Girons a été
reprise par la
locomotive diesel 040 DE, faisant disparaitre la
vapeur de ce secteur.
Aux autorails FNC succédèrent, en
1965, des U
150 (5500/5800). il existait alors cinq aller et retour par jour (six
l'été) de Boussens à
Saint-Girons, l'un d'entre eux assuré par
X2800 effectuant une rotation
Toulouse - Saint-Girons
l'après-midi, en marche semi-directe.
Dans le cadré de la coordination touchant les lignes secondaires peu
fréquentées, le service voyageurs fut reporté sur route, le 28 septembre
1969.
Parallèlement, il n'a subsisté que deux mouvements
marchandises en semaine, l'un de bout en bout avec BB
63500 de Toulouse,
admettant 700t vers
Saint-Girons, 1100t au retour, l'autre de
Boussens à
Mazères sur le Salat et retour,
avec locotracteur observant des arrêts éventuels aux embranchements de pleine
voie échelonnés entre ces deux gares.
En 1980, la
section Boussens -
Saint-Girons, dépendant de la région de Toulouse, reste
exploitée en trafic restreint, le chef de gare de Boussens faisant fonction de
chef de ligne.
Le programme de circulation ne comprend qu'un train quotidien
dans chaque sens, avec arrêts intermédiaires de
Mazères,
Salies-du-Salat,
His-Mane-Touille,
Prat-et-Bonrepaux.
Les locomotives diesels employées appartiennent à la série BB
66000 de Toulouse
et ont permis de relever la charge des convois
à 1 130t dans le sens
Boussens - Saint-Girons,
1 550t en sens inverse.
Les principales marchandises sont destinées aux Établissements
Lacroix embranchés à
Mazères (talc, pâte à papier) et
surtout aux Papeteries de Saint-Girons, notamment du
bois, livré par remorques porte-wagons.
Au départ de Saint-Girons,
on note de la pâte à papier, de la bauxite, acheminées en rames plusieurs fois,
par mois vers la Cimenterie d'Airvault (Deux-Sèvres),
des produits de carrière pour l'équipement
S.N.C.F.
à Salies, des
expéditions diffusées en petites quantités dans les autres gares.
Photo la Vie du Rail
: Arrivée de la navette marchandise quotidienne en gare de Salies-du-Salat.
Malgré l'absence
d'industrie lourde sur le parcours, le niveau de trafic est
cependant convenable et justifie le maintien du
système de desserte actuelle.
Les liaisons voyageurs, au nombre de six par sens, assurées
par autocars affrétés, sont en correspondance à
Boussens avec les trains de la
transversale vers Toulouse
et Bayonne.
B. Collardey
Mise à jour : 03/09/2014